top of page

Je ne progresse pas assez vite


Arf, éternelle question, mais pourquoi je ne progresse pas assez vite?


À cette question nous pouvons déjà répondre par une autre question. Le genre de truc qui énerve dans un premier temps l’interlocuteur puis qui interpelle un peu plus loin.


« Pas assez »


Pas assez par rapport à qui, à quoi?

Par rapport aux photos Instagram?

Par rapport à mon ego / mes désirs?

C’est quoi progresser et comment progresser ?


Mon padangusthasana décomplexé




Cela me rappelle une histoire


Une fois un élève est venu vers moi dans le but de faire le grand écart. Quand je lui ai demandé pourquoi, d’un air amusé, il m’a répondu que c’était un challenge. Il souhaitait faire de grands écarts sans avoir réellement une intention derrière, « juste comme cela ». Peut-être était-il un fan invétéré de Jean-Claude Van Damme... J'ai oublié de lui demander.


En revanche, je lui ai « simplement » répondu que je n'étais pas la meilleure personne pour l'aider. Je n'ai pas été formée à la gym et à vrai dire, pour avoir fait un peu de la gym, le yoga c'est tout sauf de la gym.


Le yoga est pour moi (si on explore -un tout petit peu- le côté essentiellement physique) c’est un cheminement et une compréhension de son propre corps. Comprendre qu’un grand écart c’est un positionnement de bassin, de buste, des zones de fermeture du corps et des zones d’ouverture. C’est de l’apprentissage de chacune des parties de son corps qui prend du temps. C'est un emboîtement de compréhensions, techniques, libération phycho-physiologique et de travail permettant la réalisation d'un asana... Et surtout le vécu dans de asana.

Ma réponse a dû lui paraître chiante et très loin d'être simple.



Asana versus Posture: faire versus vivre


J'ai parlé de vivre l'asana. Quand je pratique et quand j'enseigne le yoga, je n'ai pas pour volonté d'exécuter une posture. Je n'ai pas pour volonté non plus de faire faire une posture. J'ai envie de « vivre » la posture et j'ai envie que mes élèves « vivent » la posture. Car le yoga c'est un ensemble plus complexe que « simplement » faire un mouvement. Ressentir, vivre, lire dans son corps demande une vision globale, beaucoup d'écoute et d'apprendre à calmer certaines ardeurs de l'ego. l'asana prend tout son sens en sanskrit lorsque Sukha est associé à Sthira. Lorsque « l'aisance, le confort, la facilité » rejoint « la fermeté, la vigilance, l'immobilité ». Vulgairement, lorsque nous pouvons rester facilement dans la posture pour plusieurs respirations. C'est une méditation : « Je suis ici, maintenant, je suis bien. J'observe les sensations, j'écoute ma respiration, les battements de mon cœur... »



Progresser

Il est indéniable que nos premières volontés en tant que débutant soit la progression : voir constater si cette méthode -le yoga- est vraiment « miraculeuse » pour le corps. Et il est bien plus facile de juger des progrès physiques que de constater les effets sur la respiration, le sommeil, le détachement*. Alors quand on ne voit pas de progrès tangibles, ça coince et ça énerve.


J'écoute certains élèves embarrassés de constater qu'ils pratiquent régulièrement mais ne constatent pas de progrès « incroyables » et qui me demandent alors comment devenir plus souple.



Tout d'abord


Petit point anatomique.

Un étirement c'est « réaliser un geste avec un maximum d'amplitude et d'harmonie (...) C'est notre aptitude à nous plier facilement en limitant les tensions susceptibles de nous limiter ou contrarier notre mouvement » (Canal M.)

« étirer un muscle » c'est aussi mobiliser tout un ensemble de composants nommés « système ostéo-musculo-ligamentaire » :

  • Les muscles qui sont reliés aux tendons

  • Les tendons ou des ligaments qui sont rattachés à l'os

  • Les fascias (gaine qui protège tout l'ensemble)

  • mais aussi la peau et tous les autres tissus

Nombreux scientifiques ont des avis différents, mais globalement, un étirement est un engagement de tous ces composants. Nous pouvons distinguer plusieurs types d'étirements en fonction des résultats que nous cherchons à obtenir.


Etirements actifs / dynamiques : Plutôt pratiqués avant un effort. Ils permettent de créer un élan au mouvement et donc de solliciter d'avantage les muscles par contraction. Cela permet également sous l'effet de la chaleur associée de rendre cet ensemble plus souple et mobile. Un étirement actif ça peut être aussi lorsqu'on engage un muscle pour étirer le muscle opposé.


Exemple: lorsqu'en paschimottanasana vous engagez les quadriceps pour étirer les ischio-jambiers.


Etirements passifs: le muscle est au repos. On cherche à étirer en profondeur le muscle et agir aussi au niveau des fascias. Cette technique permet de réhydrater les tissus tout en limitant la cristallisation des fibres de collagène se trouvant dans les fascias. En gros on débloque un peu l'ensemble pour que le tout soit mobile et glisse parfaitement sans encombre. C'est souvent ce que fait un ostéopathe lorsqu'il pose le doigt sur une partie à traiter et qu'il la mobilise doucement (bien sur, le travail d'un ostéopathe ne se résume pas à cela).


Vous l'aurez donc compris un muscle peut être étirer de plusieurs manières. J'ai toujours entendu dire que rester 10sec en statique pour faire un étirement, c'était parfaitement inutile. De même que si vous faites 30min de yoga dynamique tous les jours, c'est parfait sur tout un tas de point, mais pas forcement si vous cherchez à acquérir plus de souplesse.


Dans l'ashtanga-Vinyasa par exemple, les postures sont tenues 5 respirations en moyenne. 5 respirations oú lorsque l'on est à sa posture, on engage le corps musculairement. On va se rapprocher d'un étirement actif en jouant entre muscle contracté et relâchement de son opposé.



Comment pouvons nous donc étirer en profondeur ?


Certainement en faisant quelque chose de plus passif tel que le YIN YOGA.

« Yin yoga ». l'horreur des personnes yang et dynamiques à souhait**, cherchant performances constantes et dépassement de soi. Je plaisante et je ne juge pas. Je fais moi même partie de la famille des yang-yang (et j'insiste doublement).


Rapidement, le yin yoga est un yoga d'empreinte Tao. Un métissage savoureux entre postures de yoga traditionnelles Indiennes et esprit Tao (chinois) basées sur la philosophie du yin et du yang. Je synthétise énormément, mais dans le yin yoga, nous ne cherchons pas la performance. Nous laissons le temps permettre au corps de se soulager des tensions. Nous laissons notre part de Yin (féminin, lunaire, douceur, lenteur) prendre le pas sur notre part de Yang (actif, chaleureux, solaire, rapidité). Anatomiquement, on reste plusieurs minutes dans une posture, soutenue par des accessoires, dans le but de se relâcher totalement. Le Yin c'est le tissu conjonctif (Fascia) le Yang c'est le muscle.

Le yin yoga c'est un travail méditatif oú souvent le «conflit» corps/esprit surgit: Ce que le corps veut, l'esprit à en horreur. De manière plus générale, ce qui vaut aussi pour une posture exécutée de manière dynamique. Nous n'avons pas envie de travailler cette posture même si nous savons que nous en aurions besoin . Nous n’avons pas envie de faire du Yin yoga car ce n'est pas notre truc, mais finalement c'est ce qui nous ferait du bien.

Pour en revenir à la souplesse, si vous souhaitez obtenir des résultats significatifs, de surcroît si vous faites une activité / des activités Yang à côté (fitness, yoga dynamique, courses à pied...), alors il faudra en passer par des séances d'étirements profonds.



De quoi vous décomplexer


J'ai débuté mon article par la notion de «pas assez». J'aime beaucoup cette notion de «pseudo» comparaison. Pseudo car elle se base sur peu de choses finalement.

Pas assez par rapport aux photos de professeurs sur instagram?

Pas assez par rapport à des contorsionnistes?

Sachez tout d'abord que sur instagram, on montre ce qu'on veut. Un angle de vue sur une photo peut permettre au protagoniste de masquer un certain déséquilibre et amplifier une sensation de profondeur ou d'étirement. Quant aux personnes ayant une souplesse «extraordinaire», elle résulte souvent d'une pathologie: l’hyper laxité. Et l’hyper laxité, c'est peut-être waouh à 20ans, mais beaucoup moins à 70ans si elle n'est pas maitrisée. L’hyper laxité c'est quand les mouvements articulaires sont excessifs de part des tendons/articulations/ligaments trop distendus qui à la longue peuvent être douloureux.



Exit instagram, concentrons-nous sur nous même

Restons à notre corps, apprenons de lui. Apprenons de nos limites aussi qu'elles soient physiques ou psychiques. Des fois la peur du relâchement et/ou du lâcher prise, amène une rigidité de corps (de l'esprit aussi). Apprenons à nous questionner sur «comment nous allons». Comment notre rythme de vie impacte notre d'un point de vue structurel ?(je pense ici au stress notamment).



Et concernant cet article

À quoi cela me servirait d'être plus souple ? Je réponds en mon nom propre.


Franchement, je suis hyper décomplexée. J'ai une flexion avant plus que limitée. Si je veux faire une posture de type Uttanasana correcte, je sois fléchir les genoux. Plus encore le matin. Pourtant je suis professeur, pourtant je m'entraine, mais peut-être pas trop en insistant sur cette zone. Car l'étirement des ischo-jambiers veut dire ischi-jambiers tendus. Voudrait donc dire : limiter les sports de type running. Alors non, je n'arrêterais pas. Je continuerais à étirer mes ischio car je sais qu'il le faut, mais je n'en ferais pas une montagne. Même devant mes élèves je continuerai à fléchir les genoux. Car ce qui dérange dans un premier temps, c'est mon ego. Et franchement je passe outre le fait de me sentir mal à l'aise avec des ischio tendus.



Mais alors comment garder la motivation quand on a du mal à voir les progrès ?

Il n'y à pas de secret, le travail et la patience.

La régularité et la discipline.


Mais surtout un travail intelligent entre le corps et l'esprit. Qu'est ce qui freine la progression de cet étirement? Est-ce vraiment gênant? Est-ce un blocage physique ou psychique?

Vous voyez je n'ai pas de réponse à ces questions. Je pense qu'avant de vraiment voir un progrès physique, nous pouvons déjà mesurer les apprentissages que l'on fait. La facilité de constater qu'une posture nous paraissait autrefois difficile est plus facile à présent. Observer que je respire mieux dans mon asana et encore et toujours que je VIS L'ASANA.


Le travail du corps en corrélation avec le travail de l'esprit. Peut-être un peu de détachement aussi.


L'anti-conseil est ici:

Pratiquez le soir, vous serez plus souple et ça boostera votre ego


L'autre conseil un peu plus sage est ici: (lien)


Belles pratiques à vous,


Gwen


*Quoi que, cela dépend de chacun et de l'écoute que l'on a de soi et de son « mode de vie »

** J'exagère


592 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page